Entre prendre et créer

Il est permis d’entreprendre et de créer. Cela constitue même un devoir. Je ne laisse pas le soin à mes seuls ancêtres – ou prédécesseurs – de définir l’ensemble des métiers/activités dignes, respectables ou utiles que je serai amené à pratiquer au cours de ma vie. Je suis suffisamment grand, je n’ai pas emprunté un chemin d’émancipation pour rester dans les clous et me laisser porter par les événements. En fait, pour la petite histoire, j’ai été contraint relativement tôt de bouleverser mon paradigme, peut-être est-ce ce que l’on nomme « tuer le père » ? Ou peut-être est-ce précisément l’incapacité à le tuer ? Je laisse ça à mon psychiatre (et s’il rit je lui brosserai les dents). Du fait du hasard, de Dieu, ou de peu importe, le résultat est le même, alors on dira « du fait des circonstances passées », c’est un minimum acceptable pouvant rassembler (presque) tout le monde.

Tout questionner, pourquoi ?

Il est permis d’entreprendre et de créer. Cela tombe bien. Il parait que c’est la crise. (Oui, dire « il paraît » peut paraitre choquant. Je ne suis pourtant pas le seul à répéter que tout est affaire de point de vue, je ne parle pas nécessairement pour choquer, mais pour exprimer ce que je vois. Il va peut-être falloir commencer à remettre en question notre capacité à supporter certains mots plutôt que d’autres. Voyez plutôt.)

Je ne suis pas aveugle de la pauvreté qui s’étend, du moins-disant social qui se répand dans toute l’Europe. J’entends l’écho de la souffrance, ces voix tachant d’exprimer le désespoir comme elles peuvent, ces foyers de plus en plus nombreux ne sachant pas de quoi demain ou les prochaines semaines seront faits. Et comment fera-t-on bouillir la marmite ?… Je regarde candidement, sans préjugés, ceci et tout ce qui me vient aux sens. Je ne rejette nulle information, comme tous les fous qui me ressemblent, datalovers aux grandes oreilles et aux coeurs bien accrochés, autant habitués aux ascenseurs émotionnels qu’un testeur de montagnes russes. J’essaie, autant que faire ce peut, de contenir la colère qui se nourrit des injustices, de l’observer plutôt que la renier – c’est un sentiment humain, pourquoi l’ignorer ? – puis de réfléchir et la traiter (en faire du miel s’avérant être une sorte de stade ultime du traitement de l’information). Alors, je peux toujours me demander si ce que j’observe est la réalité, ou si je la déforme afin qu’elle me soit plus agréable, qu’elle respecte mes croyances et le cadre de pensée dans lequel j’évoluais jusqu’à présent ?

Toutes les questions n’amènent pas de réponse, bien entendu. Il peut en revanche s’avérer utile de continuer à se les poser, par exemple la question qui termine le paragraphe précédent. Dans le cas précis de l’observation de la « crise », je me permets de dire « il paraît » car je vois comme d’autres que la crise n’en est pas une, qu’elle était évitable depuis longtemps et qu’elle profite entre autres à ceux-là même qui avaient le pouvoir de l’empêcher. Il est relativement aisé de comprendre le mécanisme sous-jacent, l’aveuglement n’est pas l’apanage du peuple ou des puissants, mais de chaque humain. Il est par exemple bien peu commode de passer d’un paradigme – une vision du monde, une folie – confortable, dans lequel le sujet qui observe est respectable et suffisamment responsable pour son poste, à un autre dans lequel il serait taxé d’incompétence ou bien de crimes. Ça se conçoit facilement. « Tiens t’as une paille, là. – Ah, toi t’as une poutre. »

Accepter la réalité Légende : Je suis une fleur.

J’ai pris comme d’autres le partie de l’amnistie : qu’ils s’en aillent et ne nuisent plus ! Et certains, pas nécessairement plus enragés que moi, me le reprochent, ce que je peux comprendre : l’ampleur des souffrances arbitraires et inutiles peut encourager le sentiment de vengeance et la soif de sang. J’espère – en fait je m’en fiche –  être remercié de ma clémence un jour, ma position n’est que l’expression du souhait de faire les choses en intelligence. Faut-il rappeler que certains privilégiés criminels du passé ont eu la tête tranchée ? D’autres, pire encore ! *Voix de Gollum* « On l’a déjà fait, on peut recommencer. » Ah, on me dit que certains ici souhaitent combattre « le crime » par des peines exemplaires ? Etes-vous à ce point convaincu de votre innocence ? Y aurait-il donc tant de masochistes ?

A ce jour, je n’ai encore décapité personne. Ni même simplement tué. Et il est fort probable que cela reste vrai toute ma vie. Par peur de la prison ? Fichtre, je laisse ça à ceux qui sont assez idiots pour croire que cela peut dissuader et empêcher les crimes, ceux qui ne voient le danger que chez l’autre, et jamais chez soi. Je ne tue pas, non parce que la loi me le demande, mais parce que je me l’impose. Je ne semble pas être le seul, fort heureusement. Ce n’est pas parce que l’on nous vend à longueur de journée une société paranoïaque que je vais y souscrire. Cela fait un moment déjà que j’ai retiré l’implant TF1 de mon logiciel. Je ne me lasserai pas de rechercher des moyens de vous l’enlever à votre tour. Je finis par penser que cela ne s’enseigne pas, il incombe à chacun de suivre sa démarche d’émancipation.

*** La longue marche du peuple libre *** Légende : Le pouvoir du peuple est plus fort que les gens au pouvoir – LOL

Je me dois d’entreprendre et de créer. Et je ne me laisserai pas aller au suivisme et à la recherche de respectabilité, faire quelque chose pour dire que je fais quelque chose, ou justifier une accumulation de richesses. Je ne devrais pas avoir besoin du regard des autres pour savoir si ce que j’entreprends est juste ou non, bon ou mauvais. C’est à moi de savoir mesurer cela, non à l’autorité en place, qui m’empêchera toujours de la remettre en question, dans une dictature de quelque sorte que ce soit, que celle-ci se nomme « démocratie » ou non.

Je ne suis pas un être isolé sur une île, je suis un humain qui vit en société, dépendant des autres autant que les autres dépendent de moi, tous dans le même « terrain de jeu ». Je trouverai des gens pour m’encourager, d’autres pour me décourager, d’autres encore se joindront à moi. N’est-ce pas là la définition d’une entreprise ?

Non, je ne creuserai pas le sol pour recueillir le sang de la Terre, m’enrichissant et souillant le jardin de mes enfants. Non, je ne m’enrôlerai pas chez les C.R.S., payé à taper sur des inconnus, les frères de mes amis, les parents de mes voisins… Non je ne chercherai pas à me faire valoir, à rechercher la célébrité qui me ferait perdre pied avec la « réalité » d’une façon cette fois irréversible. Non, je ne me contenterai pas de rechercher mon bonheur individuel, accomplissant un boulot inutile, élevant des enfants et partant régulièrement en vacances, sans pour autant considérer un seul instant l’ensemble des événements malheureux que je contribue à créer…

Welcome to hell !

Je continuerai à prospecter, à inventer, à rechercher les moyens de mon émancipation et de celle des fous qui me succèderont. Je continuerai à recevoir des cailloux de la part des idiots, des bien-pensants, des sachants, des riches aveugles et des psychopathes prétendant gouverner. Le jeu en vaut la chandelle, il s’agit de donner les conditions nécessaires et non suffisantes au bonheur de ceux qui suivent, au lieu de créer les conditions de l’asservissement. Cela passe peut-être par savoir-compter, acquérir un meilleur sens de la mesure, comprendre que les concepts les plus simples peuvent devenir inaccessibles. L’Ingénu 2.0. J’ai déjà la clé, parce que nous avons tous la clé ! Elle est là, il suffit de la saisir, et de l’utiliser. Souhaiteriez-vous un lien pour apprendre ? L’homme et la femme nouveaux, eux, n’en ont guère besoin. 

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