De la magie du monde

Au Royaume des mauvais récits, parmi toutes les vilaines histoires que l’on se raconte, et après celle de Jésus le bien bon crucifié, une des pires est celle du Père Noël ! Un être « magique », figure patriarcale capable en une nuit d’apporter aux enfants du monde entier les cadeaux rêvés, tant désirés, « si on a été sage »…

Malveillance et sottises !
Malveillance d’ordre 1. Les enfants pauvres intègreront aussi tôt que possible dans les sillons de leur cerveau qu’ils ne le sont pas, « sages », naturellement. Ou moins que les autres, naturellement. Au minimum, pas assez. Cela pourrait être éventuellement cohérent : représenter un genre d’incitation à agir plus sagement. Mais soyons honnête, je n’ai jamais entendu de parent faire le radin sous prétexte de motivation éducative.
Malveillance d’ordre 2. Et puis à un moment donné, on n’y croit plus évidemment. C’est dans l’ordre des choses, ma bonne dame, « la magie ça n’existe pas », « c’est un conte pour enfants », et à présent que tu es « grand » tu dois bien réaliser ce qu’est le monde, c’est pas les bisounours ici hé, con. Deviens « réaliste », le seul pragmatisme te guidera, au milieu des requins…
Malveillance d’ordre 3. Evacuant l’aspect relatif à l’avidité (en rien inhérente au genre humain, quelle idée !), à la possession d’objets (cohérente en capitalisme), on grave durablement dans la tête de nos enfants la pire chose qui soit : « la magie ça n’existe pas », précisément.

Mensonge et traîtrise !
La magie est partout. La magie est le Monde. La magie est ta conscience, et ce que tu fais de tes mains et de ta tête. La magie est simplement ce que l’on ne soupçonne pas, occupés aux tâches du quotidien, au travail salarié (=désigné par un autre, pas nécessairement et même rarement bienveillant, comme étant un travail), englués jusqu’aux cheveux dans le supposé besoin d’être opérationnel, au lieu d’essayer de simplement apprendre et grandir.
Pourquoi AMOINDRIR et ECRASER ainsi – ces mots sont pesés – de façon industrielle tous nos gosses ???
Que craignent donc les adultes qui reproduisent cette si vilaine habitude ?

Magie des nombres et de la géométrie.
Par la réflexion, l’intuition et l’imagination sont nées les mathématiques, rien de moins que la capacité de l’humain à appréhender le Cosmos dans son infinie complexité, d’en faire des formes préhensibles, et surtout, partageables. Nous avons grandement perdu la dimension mystique de la démarche, mais encore aujourd’hui on trouve nombre de mathématiciens assumant en toute conscience le caractère magique de cette quête. La plupart de mes contemporains n’ont, hélas, qu’une bien pauvre idée de la puissance de ce merveilleux édifice collectif.
Magie du Verbe.
Les mots sont d’une puissance incroyable. Ils peuvent blesser ou soigner. Ils peuvent créer et détruire. Ils font et défont une civilisation. Ils sont vecteurs de sagesse, et de folie. Environ 20 ans depuis la généralisation d’un outil permettant de communiquer avec presque n’importe qui, nous commençons à peine à mesurer comme les mauvaises histoires façonnent de mauvaises réalités.
Magie de l’Autre.
Comme d’autres, je n’ai pas de grande certitude d’exister, pour le moins, d’être « quelqu’un ». Je suis le reflet de mon environnement et des individus alentour, tous ceux – et ils sont nombreux, morts et vivants – qui m’ont nourri de leur verbe, de leurs gestes. Je suis Toi, tu es Moi, nous sommes tous ensemble. Nous sommes des êtres d’affects, et les affects rebondissent en tout sens. Nous voyons des personnes là il n’y a que des relations. Des postures alors que tout est mouvement.
Musique.
Englobant les autres formes de magie, la musique offre le pouvoir d’affecter chacun et tout le monde. Pour l’Eternité… Presque tous les musiciens et mélomanes savent cela.

« La magie ça n’existe pas », qu’ils disaient. Grossiers personnages.

* o=(O.O)=o *

Cette vidéo démarre mes journées depuis quelques semaines, et résonne drôlement avec l’air du temps, pour le moins, mon air du temps, les vibrations et signaux que je perçois autour de moi. Il n’y a pas à juger ici de la qualité musicale intrinsèque, il y a bien sûr des musiques d’inégale richesse et valeur. « Ce n’est qu’une question de goût » est une phrase prononcée le plus souvent par ceux qui n’en ont pas. A moins d’oser qualifier le plus débile des rappeurs de génie musical et Beethoven de…rien du tout parce que tu sais pas qui c’est. Ni ce qu’il a osé pondre.
Elle vibre drôlement en moi parce que je suis né en 1980, que la version originale de cette chanson m’est connue depuis tout jeune, et que cette version unplugged la magnifie plutôt bien, tout simplement. Ecouter la musique est un mouvement en double-sens, du son vers ta conscience, mais aussi l’inverse. On y entend ce que l’on est prêt à entendre, il faut laisser ses oreilles vagabonder, et l’esprit s’ouvrir en grand. Par endroits, elle saura te cueillir, et t’émouvoir d’une façon insoupçonnée, l’âme touchée joliment, caressée par celui ou celle qui a composé, chanté, pianoté…
Presque tout le monde raconte un peu la même chose, et essaie de dire « ce qu’il faut dire ». Alors écoutons mieux !
(merci Jean Bacchus pour le partage)

I reached inside myself and found
Nothing there to ease the
Pressure of my ever worrying mind
All my powers waste away
I fear the crazed and lonely
Looks the mirror’s sending me these days
Touch me
How can it be
Believe me
The sun always shines on TV
Hold me
Close to your heart
Touch me
And give all your love to me
Please don’t ask me to defend
The shameful lowlands of the way I’m drifting
Gloomily through time
I reached inside myself today
Thinking there’s got to be some way
To keep my troubles distant

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