Saint-Brieuc, le 2 juillet 2012.
Blog en léthargie. Parenthèse amoureuse. Qui n’est pas qu’une parenthèse, d’ailleurs. Une aventure, une histoire partagée, un nouveau mode de vie, un présent issu de deux et non plus d’un seul fou. La folle perspective d’un pouvoir encore plus grand, d’un épanouissement presque honteux au milieu du tumulte. L’effrayant constat des nouvelles difficultés à surmonter, et la satisfaction de faire de grands pas en avant sur la route du destin. Bon sang, l’amour me rend dramatiquement lyrique.
Dans le Monde, le tumulte est grand. Le giga-merdier s’avance toujours un peu plus. Il n’épargnera personne. Ce sont des guerres, des innocents mourant prématurément, des vies détruites pour des raisons absurdes, au premier rang desquelles l’indifférence du plus grand nombre. C’est le viol systématique des enfants de chacun, les vôtres y compris. La souillure faite sur la vie des non-encore-nés, le vol de leurs ressources et des conditions de leur survie-même. Une grave hypothèque sur l’environnement naturel des générations futures. C’est aussi cela, la grande crise écologique et morale de notre temps.
Saint-Brieuc, le 18 août 2012
Et au milieu de tout ça, on aurait le droit de s’aimer ? De se « régaler », de jouir de la vie ? Il serait permis d’être léger, joyeux, de profiter du soleil et du miel tant qu’il y en a ? Pardonne-moi mon amour, mais il m’arrive par moments d’avoir bien du mal avec la légèreté. Par moments seulement, ensuite le présent reprend ses droits et peut se trouver coloré en pastel. Je suis désolé, je doute que ces moments sombres disparaissent totalement. Une sorte de Fardeau du philosophe. J’ai déjà choisi, j’ai pris la pilule rouge.
Je ne pourrai faire comme si je n’avais rien vu de la misère et des injustices. Cannot unsee. Je dois faire avec, et être à jamais un peu plus malheureux que la moyenne. Si la posture romantique de l’incompris qui porte la misère du monde sur son dos peut paraître facile et confortable, il semble que je ne puisse plus faire autrement, désormais.
Voilà encore un délicat entre-deux à négocier. De la mesure en toute chose, que j’aime à dire. C’est parfois un sacré merdier, mais on peut toujours s’améliorer. Je ne souhaite pas m’enfermer dans une posture de malheureux isolé, car je l’ai bien compris, je suis loin d’être seul. Nous sommes légion. A l’opposé, je ne souhaite pas non plus abandonner le froid regard de Sirius au profit d’un présent plus apaisé, joyeux et volontairement détaché du reste du monde. Je mourrais de honte en me regardant dans la glace.
Nous vivons des temps d’importants chambardements, et je pense qu’il faudra avoir apprivoisé la gestion de ce grand écart émotionnel à certains moments-clés quand, éventuellement, ça déconnera vraiment. Vivre l’amour et le partage de bonheurs simples avec nos proches. Vivre également éveillé, recevant les unes après les autres les sombres nouvelles du monde, et écouter les voix des malheureux. A défaut de tout régler, je dois prendre ma part.
Alors, être deux ou ne pas être deux ? Telle est la very fucking good question mon Amour ! J’ai fait un autre deuil, récemment : la perspective de répondre seul à cette question :)